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totale du Maragnon de 900 toises au-dessous de l’île, n’en ayant pu mesurer qu’un bras géométriquement, et celle du Napo de 600 toises au-dessus des îles qui partagent ces bouches. L’émersion du premier satellite fut observée avec le même succès, et la longitude de ce point déterminée.

Le lendemain, premier jour d’août, on se remit sur le fleuve jusqu’à Pévas, où l’on prit terre à dix ou douze lieues de l’embouchure du Napo. C’est la dernière des missions espagnoles sur le Maragnon. Elles s’étendaient à plus de deux cents lieues au-delà ; mais, en 1710, les Portugais se sont mis en possession de la plus grande partie de ces terres, les nations sauvages voisines des bords du Napo n’ayant jamais été entièrement subjuguées par les Espagnols. Quelques-unes ont massacré en divers temps les gouverneurs et les missionnaires qui avaient tenté de les réduire. Le nom de Pévas est tout à la fois celui d’une bourgade et d’une nation qui fait partie de ses habitans ; mais on y a rassemblé différens peuples, dont chacun parle une langue différente, ce qui est assez ordinaire dans toutes ces colonies, où quelquefois la même langue n’est entendue que de deux ou trois familles, reste misérable d’un peuple détruit et dévoré par un autre. Il n’y a point aujourd’hui d’anthropophages sur les bords du Maragnon ; mais il en reste encore dans les terres, surtout vers le nord, et La Condamine nous assure qu’en remontant l’Yupara on