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se sont dispersés dans les bois et dans les missions espagnoles et portugaises. Leur nom d’Omaguas, comme celui de Cambéras que les Portugais du Para leur donnent en langue brésilienne, signifie tête plate. En effet, ils ont le bizarre usage de presser entre deux planches le crâne des enfans qui viennent de naître, et de leur aplatir le front pour leur procurer cette étrange figure qui les fait ressembler, disent-ils, à la pleine lune. Leur langue n’a aucun rapport à celle du Pérou ni à celle du Brésil, qu’on parle, l’une au-dessus, l’autre au-dessous de leur pays, le long de la rivière des Amazones. Ces peuples font un grand usage de deux sortes de plantes : l’une, que les espagnols nomment floripondio, dont la fleur a la figure d’une cloche renversée, et qui a été décrite ci-dessus ; l’autre, qui se nomme en langue du pays curupa, toutes deux purgatives. Elles leur procurent une ivresse de vingt-quatre heures, pendant laquelle on prétend qu’ils ont d’étranges visions. La curupa se prend en poudre comme nous prenons le tabac, mais avec plus d’appareil. Les Omaguas se servent d’un tuyau de roseau terminé en fourche, et de la figure d’un y, dont ils insèrent chaque branche dans une des narines. Cette opération, suivie d’une aspiration violente, leur fait faire diverses grimaces. Les Portugais du Para ont appris d’eux à faire divers ustensiles d’une résine fort élastique, commune sur les bords du Maragnon, et qui reçoit toutes sortes de for-