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vières. La question ne peut être entièrement décidée que lorsqu’il sera mieux connu. Mais les missions établies sur ses bords furent abandonnées en 1695, après le soulèvement des Cunivos et des Piros, qui massacrèrent leurs missionnaires. Au-dessous de l’Ucayal, la largeur du Maragnon croît sensiblement, et le nombre de ses îles augmente.

Le 27, les deux voyageurs abordèrent à la mission de Saint-Joachim, composée de plusieurs nations, surtout de celle des Omaguas, autrefois puissante, qui peuplait les îles et les bords du fleuve dans la longueur d’environ deux cents lieues au-dessous de l’embouchure du Napo. On les croit descendus du nouveau royaume de Grenade par quelqu’une des rivières qui y prennent leur source, pour fuir la domination des Espagnols dans les premiers temps de la conquête. Une autre nation, qui se nomme de même, et qui habite vers la source d’une de ces rivières, l’usage des vêtemens établi chez les seuls Omaguas parmi tous les peuples qui habitent les bords de l’Amazone, quelques vestiges de la cérémonie du baptême, et quelques traditions défigurées confirment la conjecture de leur transmigration. Ils avaient été convertis tous à la foi chrétienne vers la fin du dernier siècle, et l’on comptait alors dans leur pays trente villages marqués de leur nom sur la carte du P. Fritz ; mais, effrayés par les incursions de quelques brigands du Para qui venaient les enlever pour les faire esclaves, ils