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pas compter au-delà de ce nombre. Ces peuples sont d’ailleurs fort adroits à faire de longues sarbacanes, qui sont leurs armes ordinaires de chasse, auxquelles ils ajustent de petites flèches de bois de palmier, garnies, au lieu de plumes, d’un petit bourrelet de coton, qui remplit exactement le vide du tuyau. Ils les lancent du seul souffle à trente et quarante pas, et rarement ils manquent leur coup. Un instrument si simple supplée avantageusement dans toute cette contrée au défaut des armes à feu. La pointe de ces petites flèches est trempée dans un poison si actif, que, lorsqu’il est récent, il tue en moins d’une minute ranimai à qui la flèche a tiré du sang, et sans danger pour ceux qui en mangent la chair, parce qu’il n’agit point, s’il n’est mêlé directement avec le sang même. Souvent, en mangeant du gibier tué de ces flèches, l’académicien rencontrait la pointe du trait sous la dent. Le contre-poison pour les hommes qui en sont blessés est le sel, et plus sûrement le sucre pris intérieurement.

Le 26, La Condamine et Maldonado rencontrèrent du côté du sud l’embouchure de l’Ucayal, une des plus grandes rivières qui grossissent le Maragnon. La Condamine doute même laquelle des deux est le tronc principal, non-seulement parce qu’à leur rencontre mutuelle l’Ucayal se détourne moins, et est plus large que le fleuve dont il prend le nom, mais encore parce qu’il tire ses sources de plus loin, et qu’il reçoit lui-même plusieurs grandes ri-