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passages étroits, mais celui-ci le porte par excellence. C’est un chemin que le Maragnon, tournant à l’est après un cours de plus de deux cents lieues au nord, s’ouvre au milieu des montagnes de la cordilière, en se creusant un lit entre deux murailles parallèles de rochers coupés à pic. Il n’y a guère plus d’un siècle que quelques soldats espagnols de San-Iago découvrirent ce passage, et se hasardèrent à le franchir. Deux missionnaires jésuites de la province de Quito les suivirent de près, et fondèrent, en 1639, la mission de Maynas, qui s’étend fort loin en descendant le fleuve. En arrivant à San-Iago, l’académicien se flattait d’être à Borja le même jour, et n’avait besoin en effet que d’une heure pour s’y rendre ; mais, malgré ses exprès réitérés, et des recommandations auxquelles on n’avait jamais beaucoup d’égard, le bois du grand radeau sur lequel il devait passer le Pongo n’était pas encore coupé. Il se contenta de faire fortifier le sien par une nouvelle enceinte dont il le fit encadrer pour recevoir le premier effort des chocs qui sont inévitables dans les détours faute de gouvernail, dont les Indiens ne font point usage pour les radeaux. Ils n’ont aussi, pour gouverner leurs canots, que la même pagaie qui leur sert d’aviron.

À San-Iago, La Condamine ne put vaincre la résistance de ses mariniers, qui ne trouvaient pas la rivière assez basse encore pour risquer le passage. Tout ce qu’il put obtenir d’eux fut