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balze, sous l’escorte de tous les Indiens du hameau qui étaient dans l’eau jusqu’à la ceinture, pour la conduire de la main, et la retenir contre la violence du courant entre les rochers et dans les petits sauts. Le jour suivant, il déboucha dans le Maragnon, à quatre lieues vers le nord du lieu de l’embarquement ; c’est là que ce fleuve commence à être navigable. Le radeau, qui avait été proportionné au lit de la petite rivière, demandait d’être agrandi et fortifié. On s’aperçut le matin que le fleuve était haussé de dix pieds. L’académicien, retenu par l’avis de ses guides, eut le temps de se livrer à ses observations : il mesura géométriquement la largeur du Maragnon, qui se trouva de 135 toises, quoique déjà diminué de 15 à 20. Plusieurs rivières que ce fleuve reçoit au-dessus de Jaën sont plus larges : ce qui devait faire juger qu’il était d’une grande profondeur. En effet, un cordeau de 28 brasses ne rencontra le fond qu’au tiers de sa largeur. Il fut impossible de sonder au milieu du lit, où la vitesse d’un canot abandonné au courant était d’une toise et un quart par seconde. Le baromètre, plus haut qu’au port de plus de quatre lignes, fit voir à l’académicien que le niveau de l’eau avait baissé d’environ 50 toises depuis Chuchunga, d’où il n’avait mis que huit heures à descendre.

Le 8, continuant sa route, il passa le détroit de Cumbinama, dangereux par les pierres dont il est rempli : sa largeur n’est que d’envi-