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plus large que la Seine à Paris. On la descend en radeau pendant cinq lieues, jusqu’à Tomépenda, village américain dans une situation agréable, à la jonction des trois rivières. Le Maragnon, qui est celle du milieu, reçoit du côté du sud la rivière de Chachapoyas, et celle de Chinchipé du côté de l’ouest, à 5° 30′ de latitude australe. Depuis ce point, le Maragnon, malgré ses détours, va toujours en se rapprochant peu à peu de la ligne équinoxiale jusqu’à son embouchure. Au-dessous du même point, le fleuve se rétrécit et s’ouvre un passage entre deux montagnes, où la violence de son courant, les rochers qui le barrent, et plusieurs sauts le rendent impraticable. Ce qu’on appelle le port de Jaën, c’est-à-dire le lieu où l’on s’embarque, est à quatre journées de Jaën, sur la petite rivière de Chuchunga, par laquelle on descend dans le Maragnon au-dessous des cataractes.

Un exprès que La Condamine avait dépêché de Tomependa, avec des ordres du gouverneur de Jaën à son lieutenant de San-Iago, pour faire tenir prêt un canot au port, avait franchi tous ces obstacles sur un radeau composé de deux ou trois pièces de bois. De Jaën au port, on traverse le Maragnon, et l’on se trouve plusieurs fois sur les bords. Dans cet intervalle, il reçoit du côté du nord plusieurs torrens qui, pendant les grandes pluies, charrient un sable mêlé de paillettes et de grains d’or, les deux côtés du fleuve sont couverts