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d’autres Américains, nommés Apotos, qui parlent la langue générale du Brésil. Plus haut, sont les Tagaris : ceux qui les suivent sont les Guacares, l’heureux peuple qui jouit de la faveur des Amazones. Elles ont leurs habitations sur des montagnes d’une hauteur prodigieuse, entre lesquelles on en distingue une nommée Yacamiaba, qui s’élève extraordinairement au-dessus de toutes les autres, et si battue des vents, qu’elle en est stérile. Ces femmes s’y maintiennent sans le secours des hommes. Lorsque leurs voisins viennent les visiter au temps qu’elles ont réglé, elles les reçoivent l’arc et la flèche en main, dans la crainte de quelque surprise ; mais elles ne les ont pas plus tôt reconnus, qu’elles se rendent en foule à leurs canots, où chacune saisit le premier hamac qu’elle y trouve, et le va suspendre dans sa maison pour y recevoir celui à qui le hamac appartient. Après quelques jours de familiarité, ces nouveaux hôtes retournent chez eux. Tous les ans ils ne manquent point de faire ce voyage dans la même saison. Les filles qui en naissent sont nourries par leurs mères, instruites au travail et au maniement des armes. On ignore ce qu’elles font des mâles ; mais j’ai su d’un Américain, qui s’était trouvé à cette entrevue, que l’année suivante elles donnaient aux pères les enfans mâles qu’elles ont mis au monde. Cependant la plupart croient qu’elles tuent les mâles au moment de leur naissance, et c’est ce que je ne puis décider sur le témoignage