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forcèrent les autres d’aller chercher une retraite dans des terres éloignées.

Les Topinamboux de l’Amazone sont une nation si distinguée, que le P. d’Acugna ne fait pas difficulté de la comparer aux premiers peuples de l’Europe ; et quoiqu’on s’aperçoive qu’ils commencent à dégénérer de leurs pères par les alliances qu’ils contractent avec les Américains du pays, ils s’en ressentent encore par la noblesse du cœur et par leur adresse à se servir de l’arc et des flèches : ils sont d’ailleurs fort spirituels. Comme les Portugais, dont la plupart savaient la langue du Brésil, n’avaient pas besoin d’interprètes pour converser avec eux, ils en tirèrent des informations fort curieuses ; entre autres choses, les Topinamboux confirmèrent aux Portugais qu’il existait de vraies Amazones, dont le fleuve a tiré son ancien nom.

» Je ne m’arrête point, dit d’Acugna, aux perquisitions sérieuses que la cour souveraine de Quito en a faites. Plusieurs natifs des lieux mêmes ont attesté qu’une des provinces voisines du fleuve était peuplée de femmes belliqueuses, qui vivent et se gouvernent seules sans hommes ; qu’un certain temps de l’année elles en reçoivent pour devenir enceintes, et que le reste du temps elles vivent dans leurs bourgs, ou elles ne songent qu’à cultiver la terre, et à se procurer par le travail de leurs bras tout ce qui est nécessaire à l’entretien de la vie. Je ne m’arrêterai pas non plus à d’autres