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au premier coup. Il fallait continuellement les rapporter à Quito pour les réparer. La Condamine avait un homme gagé, dont ces voyages étaient l’unique fonction.

Les pierres ayant été dégrossies, il fut question de les polir. On n’imagina point d’autre moyen que de frotter l’une sur l’autre les faces destinées à recevoir l’inscription. Elle venait d’être arrêtée entre les trois académiciens. Il restait à faire graver les lettres, opération qui avait déjà paru fort difficile à Quito pour une autre inscription qui contenait le résultat de toutes les observations et la longueur du pendule. Les deux pierres avaient été taillées, sculptées, polies dans le fond même de la ravine où elles avaient été trouvées ; l’inscription y fut gravée aussi, à la réserve de ce qui regardait les deux officiers espagnols, qui fut laissé en blanc. Ensuite les pierres furent enlevées avec un engin fixé dans la plaine, au bord d’une cavée de soixante toises de profondeur. Mais les câbles étant de cuir comme les cordes du pays, une pluie abondante, qui retarda le travail, allongea tellement les torons, qu’ils se rompirent ; et l’une des pierres, retombant au fond de la ravine, y fut brisée en mille pièces. Ainsi les peines de six mois furent perdues en un instant. Heureusement Morainville trouva une autre pierre, et le dommage fut réparé.

Enfin les pyramides étaient achevées, et La Condamine attendait que les pierres qui portaient l’inscription fussent en place pour en