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La Condamine pressa vivement le reste de l’édifice. Il eut à vaincre de nouveaux obstacles de la part du terrain, qui, étant inégal et sablonneux, le força de recourir aux pilotis ; de celle des ouvriers péruviens, également maladroits et paresseux ; et surtout le manque d’eau pour éteindre la chaux et détremper le mortier, qui le mit dans la nécessité d’en faire amener, par un lit creusé en pente douce, jusqu’au lieu du travail. Ces embarras regardaient la construction, surtout celle de la pyramide boréale ; mais ils augmentèrent beaucoup lorsqu’il fallut trouver des pierres propres aux inscriptions, les tailler, les tirer de quatre cents pieds de profondeur, les graver, et les transporter au lieu de leur destination. Celles qu’il avait déjà reconnues, et sur lesquelles on comptait, avaient été enlevées ou brisées par les crues d’eau. Il parcourut dans un grand espace les lits de tous les torrens et de tous les ravins pour trouver de quoi former deux tables de la grandeur qui convenait à ses vues. Lorsqu’elles furent trouvées, il fit faire à Quito les instrumens nécessaires ; et, quoique muni des ordres du président, du corrégidor et des alcades, il eut beaucoup de peine à rassembler les tailleurs de pierre. À mesure qu’ils désertaient avec ses outils, il en renvoyait d’autres à leur place. Un travail pour lequel ils étaient payés à la journée ne laissait pas de leur paraître insupportable par sa lenteur. Aussi les pics les mieux acérés s’émoussaient ou se brisaient