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Son premier soin, lorsqu’il vit cette mesure achevée, fut de constater inviolablement les deux termes. Dans cette vue, il fit transporter à chaque extrémité une meule de moulin. Il fit creuser le sol et enterrer les meules ; de sorte que les deux jalons qui terminaient la distance mesurée occupaient les centres vides de ces pierres. On n’eut pas besoin, dit-il, de méditer beaucoup sur la matière et la forme qui convenaient le mieux à un monument simple et durable, propre à constater sans équivoque les deux termes de la base. Quant à la forme, la plus avantageuse était la pyramide ; et la plus simple de toutes les pyramides était un tétraèdre. Mais, comme il convenait d’orienter l’édifice par rapport aux régions du monde, il se détermina par cette raison à donner quatre faces aux pyramides, sans compter celle de leur base : ce qui rendait d’ailleurs la construction plus facile. L’inscription, posée sur une face inclinée, eût présenté un aspect désagréable ; elle eût été moins aisée à lire et trop exposée aux injures de l’air : il fallait donc un socle ou piédestal assez haut pour porter l’inscription. Quant à la matière, il n’y avait point à choisir ; la terre n’aurait point eu assez de solidité. Comme la carrière des pierres de taille la plus voisine était au-dessus de Quito à six ou sept lieues de distance, on n’eut pas d’autre parti à prendre que de tirer des ravines les plus proches des pierres dures, et des quartiers de roche pour le massif intérieur de l’ou-