Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

piquets étaient arrachés ; les quartiers de roche qui avaient servi à les assurer, roulaient les uns sur les autres ; les murailles de la tente, déchirées et raides de verglas, ainsi que les attaches rompues et agitées d’un vent furieux, battaient contre les mâts et la traverse, et menaçaient les trois mathématiciens de les couvrir de leurs débris. Ils se levèrent avec précipitation. Nui secours de la part de leur cortége d’Indiens, qui était demeuré dans une grotte assez éloignée. Enfin, à la lueur des éclairs, ils réussirent à prévenir le mal le plus pressant, qui était la chute de la tente, où le vent et la neige pénétraient de toutes parts. Le lendemain ils en firent dresser une autre plus bas et plus à l’abri ; mais les nuits suivantes n’en furent pas plus tranquilles : trois tentes, montées successivement, avec la peine qu’on peut s’imaginer, sur un terrain de sable et de roche, eurent toutes le même sort. Les Indiens, las de racler et de secouer la neige dont elles se couvraient continuellement, prirent tous la fuite les uns après les autres. Les chevaux et les mules, qu’on laissait aller, suivant l’usage du pays, pour chercher leur pâture, se retirèrent par instinct dans le fond des ravines. Un cheval fut trouvé noyé dans un torrent, où le vent l’avait sans doute précipité. Godin et Juan, qui observaient d’un autre côté sur la même montagne, ne souffrirent guère moins, quoique campés dans un lieu plus bas. Cependant on acheva le 7 mai de prendre tous les angles