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gnaux, tantôt enlevés par les ouragans, et plus souvent volés : des pâtres indiens s’emparaient furtivement des perches, des cordes, des piquets, dont le transport avait coûté beaucoup de temps et de peine. Il se passait quelquefois huit ou quinze jours avant que le dommage put être réparé ; ensuite il fallait attendre des semaines entières, dans la neige et dans les frimas, un autre moment favorable pour les opérations. Le seul signal de Pambamarca fut réparé jusqu’à sept fois.

» Vers le commencement de cette année 1738, M. Godin imagina le premier un expédient simple et commode pour rendre tout à la fois les signaux faciles à construire, et très-aisés à distinguer dans l’éloignement : ce fut de prendre pour signaux les tentes mêmes, ou d’autres pareilles à celles sous lesquelles nous campions. Chaque académicien avait une grande tente, et les mathématiciens espagnols avaient aussi les leurs : on avait d’ailleurs trois canonnières. MM. Verguin et des Odonnais précédaient, et faisaient placer celles-ci alternativement sur les deux chaînes de la cordilière aux points désignés, conformément au projet des triangles : ils laissaient un Américain pour les garder.

» On était dans la saison des pluies : ce temps avait été employé, l’année précédente, à reconnaître le terrain de la méridienne, et, suivant le conseil des gens mêmes du pays, on ne pouvait penser alors à monter sur les monta-