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» Les deux chaînes de montagnes qui bordent le vallon de Quito s’étendent à peu près du nord au sud : cette situation était favorable pour la mesure de la méridienne : elle offrait alternativement, sur l’une et l’autre chaîne, des points d’appui pour terminer les triangles. La plus grande difficulté consistait à choisir les lieux commodes pour y placer des signaux. Les pointes les plus élevées étaient ensevelies, les unes sous la neige, les autres souvent plongées dans les nuages qui en dérobaient la vue. Plus bas, les signaux, vus de loin, se projetaient sur le terrain, et devenaient très-difficiles à reconnaître de loin. D’ailleurs, non-seulement il n’y avait point de chemin tracé qui conduisît d’un signal à l’autre, mais il fallait souvent traverser par de longs détours des ravines formées par les torrens de pluies et de neige fondue, creusées quelquefois de 60 ou 80 toises de profondeur. On conçoit les difficultés et la lenteur de la marche quand il fallait transporter d’une station à l’autre des quarts de cercle de deux ou trois pieds de rayon, avec tout ce qui était nécessaire pour s’établir dans des lieux d’un accès difficile, et quelquefois y séjourner des mois entiers. Souvent les guides américains prenaient la fuite en chemin, ou sur le sommet de la montagne où l’on était campé, et plusieurs jours se passaient avant qu’ils pussent être remplacés. L’autorité des gouverneurs espagnols, celle des curés et des caciques, enfin un salaire double, triple, qua-