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cessibles. Depuis ce terme, qui est celui où la neige ne fond plus, même dans la zone torride, on ne voit guère, en descendant jusqu’à 100 ou 150 toises, que des rochers nus ou des sables arides. Plus bas, on commence à voir quelques mousses qui tapissent les rochers ; diverses espèces de bruyères, qui, bien que vertes et mouillées, font un feu clair, et nous ont été souvent d’un grand secours ; des mottes arrondies de terre spongieuse, où sont plaquées de petites plantes radiées et étoilées, dont les pétales sont semblables aux feuilles de l’if ; et quelques autres plantes. Dans tout cet espace, la neige n’est que passagère ; mais elle s’y conserve quelquefois des semaines et des mois entiers. Plus bas encore, et dans une autre zone d’environ 300 toises de hauteur, le terrain est communément couvert ; d’une sorte de gramen délié, qui s’élève jusqu’à un pied et demi ou deux pieds, et qui se nomme outchouc (uchuc) en langue péruvienne. Cette espèce de foin ou de paille, comme on la nomme dans le pays, est le caractère propre qui distingue les montagnes que les Espagnols nomment paramos. Enfin, descendant encore plus bas, jusqu’à la hauteur d’environ 2,000 toises au-dessus du niveau de la mer, j’ai vu neiger quelquefois, et d’autres fois pleuvoir. On sent bien que la diverse nature du sol, sa différente exposition, les vents, la saison, et plusieurs circonstances physiques doivent faire varier plus ou moins les limites qu’on vient d’assigner à ces différens étages.