Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de leurs éruptions que depuis la découverte de l’Amérique ; mais les pierres ponces, les matières calcinées qui les parsèment, et les traces visibles de la flamme sont des témoignages authentiques de leur embrasement. Quant à leur prodigieuse élévation, ce n’est pas sans raison qu’un auteur espagnol avance que les montagnes d’Amérique sont à l’égard de celles de l’Europe ce que sont les clochers de nos villes comparés aux maisons ordinaires.

» La hauteur moyenne du vallon où sont situées les villes de Quito, Cuença, Riobamba, Latacunga, la ville d’Ibarra, et quantité de bourgades et de villages, est de 1,500 à 1,600 toises au-dessus de la mer ; c’est-à-dire qu’elle excède celle des plus hautes montagnes des Pyrénées ; et ce sol sert de base à des montagnes une fois aussi élevées. Le Cayamburo, situé sous l’équateur même, l’Antisana, qui n’en est éloigné que de cinq lieues vers le sud, ont plus de 3,000 toises à compter du niveau de la mer ; et le Chimboraço, haut de 3,220 toises, surpasse de plus d’un tiers le pic de Ténériffe, la plus haute montagne de l’ancien hémisphère. La seule partie du Chimboraço, toujours couverte de neige, a 800 toises de hauteur perpendiculaire. Le Pichincha et le Coraçon, sur le sommet desquels nous avons porté des baromètres, n’ont que 2,430 et 2,470 toises de hauteur absolue, et c’est la plus grande où l’on ait jamais monté. La neige permanente a rendu jusqu’ici les plus hauts sommets inac-