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pour chercher un endroit propre à placer un signal qui devait être aperçu de fort loin. Je réussis à le rendre visible en le faisant blanchir de chaux. Le lieu se nomme Changailli, et ce signal est le seul, hors ceux qui ont terminé nos bases, qui ait été placé en rase campagne.

» Le 12 septembre, en revenant de reconnaître le terrain sur le volcan nommé Sinchoulagoa, je fus surpris, en pleine campagne, d’un violent orage, mêlé de tonnerre et d’éclairs, accompagné d’une grêle la plus grosse que j’aie vue de ma vie. On juge bien que je n’eus pas la commodité d’en mesurer le diamètre ; je n’étais occupé qu’à trouver le moyen de garantir ma tête ; un grand chapeau à l’espagnol n’eût pas suffi, sans un mouchoir que je mis dessous pour amortir l’impression des coups que je recevais. Les grains, dont plusieurs approchaient de la grosseur d’une noix, me causaient de la douleur à travers des gants fort épais. J’avais le vent en face, et la vitesse de ma mule augmentait la force du choc. Je fus obligé plusieurs fois de tourner bride. L’instinct de cet animal le portait à présenter le dos au vent, et à suivre sa direction comme un vaisseau fuit vent arrière en cédant à l’orage.

» Nous remontâmes quelques jours après sur le Pichincha, M. Bouguer et moi, non à notre premier poste, mais à un autre beaucoup moins élevé, d’où l’on voyait Quito, que nous liâmes à nos triangles. Le mauvais temps y rendit inutile notre troisième tentative pour