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quefois cinq ou six personnes, et que nous avions des brasiers allumés. Rarement cette partie du sommet du Pichincha, plus orientale que la bouche du volcan, est tout-à-fait dépouillée de neige. Aussi sa hauteur est-elle à peu près celle où la neige ne fond jamais dans les autres montagnes plus élevées, ce qui rend leurs sommets inaccessibles. Personne, que je sache, n’avait vu avant nous le mercure, dans le baromètre, au-dessous de seize pouces, c’est-à-dire douze pouces plus bas qu’au niveau de la mer ; en sorte que l’air que nous respirions était dilaté près de moitié plus que n’est celui de France quand le baromètre y monte à vingt-neuf pouces. Cependant je ne ressentis en mon particulier aucune difficulté de respiration. Quant aux affections scorbutiques dont M. Bouguer fait mention, et qui désignent apparemment la disposition prochaine à saigner des gencives, dont je fus alors incommodé, je ne crois pas devoir l’attribuer au froid du Pichincha, n’ayant rien éprouvé de pareil en d’autres postes aussi élevés, et le même accident m’ayant repris cinq ans après au Cotchesqui, dont le climat est tempéré.

» J’avais porté une pendule, et fait faire les piliers qui soutenaient la case, surtout celui du fond, assez solides pour y suspendre cette horloge. Nous parvînmes à la régler, et par ce moyen à faire l’expérience du pendule simple à la plus grande hauteur où jamais elle eût été faite. Nous passâmes en ce lieu trois semaines,