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part des montagnes du pays. Tel fut notre premier observatoire et notre première habitation sur le Pichincha. Comme je prévoyais les difficultés de la construction, toute simple qu’elle devait être, je m’y étais pris de longue main : mais je ne m’attendais pas que, cinq mois après avoir payé les matériaux et la main-d’œuvre, je ne trouverais encore rien de commencé, et que je me verrais obligé de contraindre judiciairement les gens avec qui j’avais fait le marché. Notre baraque occupait toute la largeur de l’espace qu’on avait pu lui ménager, en aplanissant une crête sablonneuse qui se terminait à mon signal : le terrain était si escarpé de part et d’autre, qu’à peine avait-on pu conserver un étroit sentier d’un seul côté pour passer derrière notre case. Sans entrer dans le détail des incommodités que nous éprouvâmes dans ce poste, je me contenterai de faire les remarques suivantes. Notre toit, presque toutes les nuits, était enseveli sous les neiges. Nous y ressentîmes un froid extrême ; nous le jugions même plus grand par ses effets qu’il ne nous était indiqué par un thermomètre de M. de Réaumur, que j’avais porté, et que je ne manquais pas de consulter tous les jours matin et soir. Je ne le vis jamais, au lever du soleil descendre tout-à-fait jusqu’à cinq degrés au-dessous du terme de la glace : il est vrai qu’il était à l’abri de la neige et du vent, et adossé à notre cabane ; que celle-ci était continuellement échauffée par la présence de quatre, quel-