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va succéder à celui des mathématiciens espagnols.

« Nous partîmes de Quito, dit La Condamine, le 14 août 1737, pour travailler sérieusement à la mesure des triangles de la méridienne. Nous montâmes d’abord sur le Pichincha, M. Bouguer et moi, et nous allâmes nous établir près du signal que j’y avais placé depuis près d’un an, 971 toises au-dessus de Quito. Le sol de cette ville est déjà élevé sur le niveau de la mer de 1,460 toises, c’est-à-dire plus que le Canigou et le pic du midi, les plus hautes montagnes des Pyrénées. La hauteur absolue de notre poste était donc 2,430 toises, ou d’une bonne lieue ; c’est-à-dire, pour donner une idée sensible de cette prodigieuse élévation, que, si la pente du terrain était distribuée en marches d’un demi-pied chacune, il y aurait 29,160 marches à monter depuis la mer jusqu’au sommet du Pichincha. Don Antoine d’Ulloa, en montant avec nous, tomba en faiblesse, et fut obligé de se faire porter dans une grotte voisine où il passa la nuit.

» Notre habitation était une hutte, dont le faîte, soutenu par deux fourchons, avait un peu plus de six pieds de hauteur. Quelques perches inclinées à droite et à gauche, et dont une des extrémités portait à terre tandis que l’autre était appuyée sur le comble, composaient la charpente du toit, et servaient en même temps de murailles. Le tout était couvert d’une espèce de jonc délié, qui croît sur la plu-