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de Guatimala et de la Nouvelle-Espagne, sous prétexte d’y charger du goudron et des cordages pour les bâtimens qui trafiquent à Panama, et d’y transporter les denrées du Pérou, dont on n’a pu trouver le débit. Mais il est rare que ceux à qui cette permission est accordée reviennent directement à Panama. La meilleure partie de leur cargaison consiste ordinairement en indigo, qu’ils portent à Guayaquil ou dans d’autres ports plus au sud.

Un des plus grands avantages de Panama est la pêche des perles qui se fait aux îles de son golfe, surtout à celles du Roi et de Taboga. Il y a peu d’habitans qui n’emploient un certain nombre de nègres à cette précieuse pêche. La méthode n’est pas différente de celle du golfe Persique et du cap de Comorin ; mais elle est plus dangereuse par la multitude de monstres marins qui font la guerre aux pêcheurs. C’est dans les lieux où se fait cette pêche que se trouvent toujours en plus grand nombre les requins, qui dévorent en un instant les malheureux plongeurs qu’ils peuvent saisir. Les mantas, autre espèce de monstres, ont l’art de les envelopper de leur corps et de les étouffer, ou de les écraser contre le fond, en se laissant tomber sur eux de toute leur pesanteur. Ce poisson vorace, qui tire son nom de sa figure, est large, et s’étend en effet comme une pièce de drap. S’il joint un homme ou quelque autre animal, il l’enveloppe et le roule dans son corps comme dans une couverture,