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parce qu’elle était d’un trop grand volume. Il fallut construire une cabane proportionnée au terrain, c’est-à-dire si petite, qu’à peine était-elle capable de les contenir. On n’en sera point surpris en apprenant qu’ils étaient au sommet d’un rocher pointu qui s’élève d’environ 200 toises au-dessus du terrain de la montagne, où il ne croît plus que des bruyères. Ce sommet est partagé en diverses pointes, dont ils avaient choisi la plus haute. Toutes ses faces étaient couvertes de neige et de glace ; ainsi leur cabane se trouva bientôt chargée de l’une et de l’autre. « Les mules, dit Ulloa, peuvent à peine monter jusqu’au pied de cette formidable roche ; mais de là jusqu’au sommet, les hommes sont forcés d’aller à pied, en montant, ou plutôt gravissant pendant quatre heures entières. Une agitation si violente, jointe à la trop grande subtilité de l’air, nous ôtait les forces et la respiration. J’avais déjà franchi plus de la moitié du chemin, lorsque, accablé de fatigue, et perdant la respiration, je tombai sans connaissance. Cet accident m’obligea, lorsque je me trouvai un peu mieux, de descendre au pied de la roche où nous avions laissé nos instrumens et nos domestiques, et de remonter le jour suivant, à quoi je n’aurais pas mieux réussi, sans le secours de quelques Américains qui me soutenaient dans les endroits les plus difficiles. »

La vie étrange à laquelle nos savans furent réduits, pendant le temps qu’ils employèrent à