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ques : le seul choix de ce terrain leur coûta des peines infinies. Après bien des courses et du travail, exposés sans cesse au vent, à la pluie ou aux ardeurs du soleil, ils se déterminèrent pour un terrain uni, situé dans un vallon beaucoup plus bas que le sol de Quito, à quatre lieues au nord-est de cette ville. Ce fut la plaine d’Yaruqui, qui tire son nom d’un village au-dessous duquel elle est située : elle a près de 6,300 toises de long. Il eût été difficile d’en trouver une plus longue dans un pays de montagnes, à moins de s’éloigner trop du terrain traversé par la méridienne. Cette plaine est bornée à l’orient par la haute cordillère de Guamani et de Pambamarca, comme elle l’est à l’ouest par celle de Pichincha. Les rayons du soleil y étant réfléchis par le sol, qui est fort sablonneux, et par les deux cordillères voisines, elle est sujette à de fréquens orages ; et comme elle est tout-à-fait ouverte au nord et au sud, il s’y forme de si grands et de si fréquens tourbillons, que cet espace se trouve quelquefois rempli de colonnes de sable élevées par le tournoiement rapide des rafales de vent qui se heurtent. Les passans en sont quelquefois étouffés ; et pendant leurs opérations nos illustres voyageurs en eurent un triste exemple dans un de leurs Américains.

Ils avaient à mesurer un terrain incliné de 125 toises, sur une longueur de 6,272, et à niveler du soir au matin pour réduire cette pente à la ligne horizontale : ce travail seul les