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Dans l’incendie de 1744, les cendres furent portées jusqu’à la mer à plus de quatre-vingts lieues. Ce fait n’est plus étonnant, s’il est vrai, comme on l’a publié, que les cendres du mont Etna volent quelquefois jusqu’à Constantinople. Mais un fait plus nouveau, c’est que celles de Cotopaxi, dans la même occasion, couvrirent les terres au point de ne plus laisser voir la moindre trace de verdure dans les campagnes à douze et quinze lieues de distance du côté de Riobamba, et qui dura un mois et plus en quelques endroits, et fit périr un nombre prodigieux de bestiaux. Quatre lieues à l’ouest de la bouche du volcan, la cendre avait trois ou quatre pouces d’épaisseur. Cette pluie de cendre avait été immédiatement précédée d’une pluie de terre fine d’odeur désagréable, et de couleur blanche, rouge et verte, qui elle-même avait été devancée par une autre de même gravier. Celle-ci fut accompagnée, en divers endroits, d’une nuée immense de gros hannetons blancs, de l’espèce qu’on nomme ravets dans nos îles : la terre en fut couverte en un instant, et ils disparurent tous avant le jour.

Il nous reste à rendre compte du travail qui était l’objet particulier du voyage des mathématiciens français et espagnols. Pour commencer leur grande entreprise, il fallait mesurer réellement un terrain qui pût leur servir de base, afin de pouvoir conclure toutes les autres distances par des opérations géométri-