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dessus lesquelles le torrent passa sans les toucher. Le terrain, cave en quelques endroits par la chute des eaux, s’est exhaussé en d’autres par le limon qu’elles ont déposé en se retirant. On peut juger quels changemens la surface de la terre a dû recevoir par des événemens de cette nature, dans un pays où presque toutes les montagnes sont des volcans, ou l’ont été. Il n’est pas rare d’y voir des ravines se former à vue d’œil, et d’autres qui se sont creusé en peu d’années un lit profond dans un terrain qu’on se souvient d’avoir vu parfaitement uni. Il est possible, il est même vraisemblable que toute la superficie de la province de Quito, jusqu’à une assez grande profondeur, soit formée de nouvelles terres éboulées et de débris de volcans : c’est peut-être par cette raison que dans les plus profondes quebradas on ne trouve aucune coquille fossile.

En 1738, le sommet de Cotopaxi, par mesure géométrique, était de 500 toises au moins plus haut que le pied de la neige permanente. La flamme du volcan s’élevait autant au-dessus de la cime de la montagne que son sommet excédait la hauteur du pied de la neige. Cette mesure comparative a été confirmée par M. de Maënza, qui, étant alors à quatre lieues de distance, et spectateur tranquille du phénomène, put en juger avec plus de sang-froid que ceux dont la vie était exposée au danger de l’inondation. Quand on rabattrait un tiers, il resterait encore plus de trois cents toises ou