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Condamine fait observer ici que depuis son retour en France le même volcan s’est embrasé plusieurs autres fois avec des effets encore plus terribles ; et quoique Juan et Ulloa aient traité cette matière, il raconte, sur la foi d’un témoin oculaire, divers faits d’une singularité surprenante, qui ne se trouvent pas dans leur relation historique.

« En 1742, dit-il, on avait entendu très-distinctement à Quito le bruit du volcan de Cotopaxi, et plusieurs fois en plein jour, sans y faire une extrême attention. » C’est ce qu’il peut confirmer par son témoignage, auquel sa surdité donne un nouveau poids ; cependant on n’y entendit point la grande explosion le soir du 30 novembre 1744. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que ce même bruit, qui ne fut pas sensible à Quito, c’est-à-dire à douze lieues au nord du volcan, fut entendu très-distinctement, à la même heure et du même côté, dans des lieux beaucoup plus éloignés, tels que la ville d’Ibara, Pasto, Popayan, et même à La Plata, à plus de cent lieues mesurées en l’air. On assure aussi qu’il fut entendu vers le sud jusqu’à Guayaquil, et au-delà de Piura, c’est-à-dire à plus de cent vingt lieues de vingt-cinq au degré. À la vérité, le vent, qui soufflait alors du nord-est, y aidait un peu.

Les eaux, en se précipitant du sommet de la montagne, firent plusieurs bonds dans la plaine avant de s’y répandre uniformément ; ce qui sauva la vie à plusieurs personnes, par-