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dîmes en un quart d’heure ce que nous avions mis plus d’une heure à monter. L’après-midi et les jours suivans, nous mesurâmes une base de cent trente toises, et nous relevâmes divers points avec la boussole, pour faire un plan du volcan et des environs.

» Il fit le lendemain un brouillard qui dura tout le jour. L’horizon étant fort net le 19 au matin, j’aperçus et je fis remarquer à M. Bouguer un tourbillon de fumée qui s’élevait de la montagne de Cotopaxi, sur laquelle nous avions campé plusieurs fois en 1738. Notre guide et nos gens prétendirent que ce n’était qu’un nuage, et parvinrent même à me le persuader ; cependant nous apprîmes à Quito que cette montagne, qui avait jeté des flammes plus de deux siècles auparavant, s’était nouvellement enflammée le 15 au soir, et que la fonte d’une partie de ses neiges avait causé de grands ravages.

» Nous passâmes encore deux jours à Pichincha, et nous y fîmes une dernière tentative avec un nouveau guide, pour tourner la montagne par l’ouest, et pour entrer dans son intérieur ; mais le brouillard et un ravin impraticable ne nous permirent pas d’aborder même la petite bouche, qui fume encore, dit-on, et qui répand du moins une odeur de soufre. »

Les deux académiciens, étant revenus à Quito le 22, n’y entendirent parler que de l’éruption de Cotopaxi, et des suites funestes de l’inondation causée par la fonte subite des neiges. La