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de monter droit par-dessus la neige, à l’enceinte de la bouche du volcan, et j’offris de lui servir de guide. Je me mis en marche un long bâton à la main, avec lequel je sondais la profondeur de la neige : je la trouvai en quelques endroits plus haute que mon bâton, mais assez dure néanmoins pour me porter. J’enfonçai tantôt plus, tantôt moins, presque jamais au-dessus du genou. C’est ainsi que j’ébauchai, dans la partie de la montagne que la neige couvrait, les marches fort inégales d’un escalier d’environ cent toises de haut. En approchant de la cime, j’aperçus entre deux rochers l’ouverture de la grande bouche, dont les bords intérieurs me parurent coupés à pic, et je reconnus que la neige qui les couvrait du côté où je m’étais avancé la veille était minée en-dessous. Je m’approchai avec précaution d’un rocher nu, qui dominait tous ceux de l’enceinte. Je tournai par-dehors, où il se terminait en plan incliné, d’un accès assez difficile : pour peu que j’eusse glissé, je roulais sur la neige, cinq à six cents toises, jusqu’à des rochers où j’aurais été fort mal reçu. M. Bouguer me suivait de près, et m’avertit du danger qu’il partageait avec moi. Nous étions seuls ; ceux qui nous avaient d’abord suivis étaient retournés sur leurs pas et sur les nôtres. Enfin nous atteignîmes le haut du rocher, d’où nous vîmes à notre aise la bouche du volcan.

» C’est une ouverture qui s’arrondit en demi-cercle du côté de l’orient : j’estimai son dia-