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du Pichincha, qui, dans la belle saison, est souvent presque sans neige, en était entièrement couvert, plus de cent toises au-dessous de sa cime, à l’exception des pointes de rochers qui débordaient en quelques endroits. Tous les jours nous faisions à pied des marches de six à sept heures, tournant autour de cette masse sans pouvoir atteindre au sommet. Le terrain, du côté de l’orient, était coupé de ravins formés dans les sables par la chute des eaux : nous ne pouvions les franchir que difficilement, en nous aidant des pieds et des mains. À l’entrée de la nuit, nous regagnions notre tente, bien fatigués et fort mal instruits.

» Le 16, j’escaladai, avec beaucoup de peine, un des rochers saillans, dont le talus me parut très-raide. Au-delà, le terrain était couvert d’une neige où j’enfonçai jusqu’au genou. Je ne laissai pas d’y monter environ dix toises. Ensuite je trouvai le rocher nu ; puis alternativement d’autre neige, et d’autres pointes saillantes. Un épais brouillard, qui s’exhalait de la bouche du volcan, et qui se répandait aux environs, m’empêcha de rien distinguer. Je revins à la voix de M. Bouguer qui était resté en bas, et dont je ne voulais pas trop m’écarter. Nous abrégeâmes beaucoup le chemin au retour, en marchant à mi-côte, sur le bord inférieur de la neige ; et un peu au-dessus de l’origine de ces cavées profondes, qu’il nous avait fallu monter et descendre l’une après l’autre, en allant d’abord à la découverte.