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autre à me suivre de bon gré. On verra si j’avais poussé trop loin les précautions.

» À mi-côte, nous rencontrâmes un cheval à la pâture ; mon Américain lui jeta un lac, et sauta dessus. Quoique les chevaux, à Quito, ne soient pas au premier qui s’en saisit, comme dans les plaines de Buénos-Aires, je ne m’opposai point à l’heureux hasard qui mettait mon muletier en état d’avancer plus vite. Il paraissait plein de bonne volonté, lui et ses camarades.

» Nous arrivâmes un peu avant le coucher du soleil, au plus haut de la partie de la montagne où l’on peut atteindre à cheval. Il était tombé les nuits précédentes une si grande quantité de neige, qu’on ne voyait plus aucune trace de chemin : mes guides me parurent incertains. Cependant il ne nous restait qu’un ravin à passer, mais profond de quatre-vingts toises et plus. Nous voyions la tente au-delà. Je mis pied à terre avec celui qui avait aidé à la poser, pour m’assurer si les mules pouvaient descendre avec leur charge. Quand j’eus reconnu que la descente était praticable, j’appelai d’en-bas ; on ne me répondit point. Je remontai, et je trouvai mon valet seul, avec les mulets. L’Américain et le métis, qui s’étaient offerts de bonne grâce, avaient disparu. Je ne crus pas devoir passer outre sans guides, surtout avec des mules fort mal équipées. Celui qui avait monté la tente ne connaissait pas le gué de la ravine, ni le chemin pour remonter