Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ainsi l’attention et les soins de l’académicien s’étendaient à tout. Il marque l’époque du fâcheux accident qui le priva de l’ouïe. Ce fut en 1741, au retour d’une course qu’il fit derrière les montagnes, à l’ouest de Quito, en allant reconnaître le nouveau chemin que don Pédro Maldonado venait d’ouvrir de Quito à la rivière des Émeraudes. Une fluxion violente dans la tête, fruit des alternatives de froid et de chaud auxquels il s’exposait en observant jour et nuit, et souvent sur un terrain froid et humide, lui causa cette cruelle infirmité, qui dura le reste de sa vie.

Un voyage remarquable que La Condamine fit au commencement de juin avec Bouguer, fut celui du volcan de Pichincha, le Vésuve de Quito, au pied duquel cette ville est située. Ils en étaient voisins depuis sept ans, sans l’avoir vu d’aussi près qu’il était naturel de le désirer, et le beau temps les y invitait. Mais on conçoit qu’un sujet de cette nature demande la narration du voyageur même.

La partie supérieure de Pichincha se divise en trois sommets, éloignés l’un de l’autre de douze ou quinze cents toises, et presque également hauts. Le plus oriental est un rocher escarpé, sur lequel les deux académiciens avaient campé en 1737. Le sommet occidental, par où les flammes se firent jour en 1538, 1577 et 1660, est celui qu’ils n’avaient encore vu que de loin, et que La Condamine se proposait de reconnaître plus particulièrement.