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la tête renversée dans une attitude gênante, tenant d’une main un verre enfumé, maniant de l’autre les vis du pied de l’instrument, portant alternativement son œil à la lunette et à la division pour examiner le fil à plomb, courant de temps en temps regarder la minute et la seconde à une pendule, écrivant quelques chiffres sur un papier, et reprenant sa première situation : aucun de nos mouvemens n’avait échappé aux regards curieux de nos spectateurs. Au moment que nous nous y attendions le moins, parurent sur l’arène de grands quarts de cercles de bois et de papier peint, assez heureusement imités, et nous vîmes ces bouffons nous contrefaire tous avec tant de vérité, que chacun de nous, et moi le premier, ne put s’empêcher de se reconnaître. Tout cela fut exécuté d’une manière si comique, que, n’ayant rien vu de plus plaisant pendant les dix ans du voyage, il me prit une forte envie de rire qui me fit oublier pour quelques momens mes affaires les plus sérieuses. »

Depuis l’année 1735, La Condamine avait envoyé à l’Académie différentes raretés, dont il donne une liste curieuse. On voit, au cabinet du Jardin du roi, les premiers envois faits de nos îles et de Porto-Bello en 1735, et un autre de Quito en 1737. Une caisse embarquée à Lima, en 1737, pour Panama, contenait, outre un vase d’argent du temps des incas, plusieurs petites idoles d’argent des anciens Péruviens, un grand nombre de vases antiques