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haut d'une montagne dont on lui avait raconté des choses merveilleuses.

Ce lac est renfermé dans une enceinte de rochers escarpés, qui ne lui parut pas avoir beaucoup plus de deux cents toises de diamètre, quoiqu’on lui suppose une lieue de tour. Il n’eut ni le temps ni la commodité de le sonder ; il s’en fallait alors environ vingt toises que l’eau n’atteignit les bords. On lui assura qu’elle était montée depuis un an à cette hauteur, qu’elle avait près des bords plus de quarante toises de profondeur, et qu’il était long-temps resté dans son milieu une île et une bergerie que les eaux, en s’élevant peu à peu, avaient enfin tout-à-fait couvertes. La Condamine ne garantit point la vérité de ces faits, et quoiqu’ils n’aient rien d’impossible, il avoue qu’il avait regardé comme une fable ce qu’on lui avait dit sur la foi des traditions péruviennes, que, peu après la formation du lac, il était sorti du milieu de ses eaux des tourbillons de flamme, et qu’elles avaient bouilli plus d’un mois ; mais, depuis son retour en France, il a su de M. Maënza, qui était à Paris en 1761, et qui avait douté aussi de tous les faits précédens, qu’au mois de décembre 1740, il s’éleva pendant une nuit, de la surface du même lac, une flamme qui consuma tous les arbustes de ses bords, et fit périr les troupeaux qui se trouvèrent aux environs. Depuis ce temps tout a conservé sa situation ordinaire. La couleur de l’eau est verdâtre ; on lui attribue un mauvais goût ; et quoique les trou-