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meaux entourés de haies vives et de jardinages : la ville de Quito terminait cette riante perspective. Je me crus transporté dans nos plus belles provinces de France. À mesure que je descendais, je changeais insensiblement de climat, en passant, par degrés, d’un froid extrême à la température de nos beaux jours du mois de mai. Bientôt j’aperçus tous ces objets de plus près et plus distinctement. Chaque instant ajoutait à ma surprise : je vis, pour la première fois, des fleurs, des boutons et des fruits en pleine campagne sur tous les arbres. Je vis semer, labourer et recueillir dans un même jour et dans un même lieu. »

La Condamine entra dans Quito le 4 de juin ; Bouguer était le seul à qui sa mauvaise santé n’avait pas encore permis de s’y rendre ; mais le 10 du même mois, treize mois après leur départ de France, ils s’y trouvèrent tous rassemblés.

En 1738, il employa les premiers jours de septembre à faire un voyage au-delà de la cordillère orientale, à Tagualo, district peu connu, dont il leva la carte. Le marquis de Maënza, seigneur de tout ce canton, avait fait construire sur le sommet de la montagne de Gnougnouourcou un logement pour lui, et un abri pour ses instrument ; mais, par un contretemps qui n’était que trop ordinaire, le brouillard rendit ses peines et tous ses préparatifs inutiles ; en revenant, il se détourna un peu du chemin pour voir le lac de Quilotoa, situé sur le