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aujourd’hui perdue, a donné le nom qu’elle conserve. Je levai le plan de son cours et la carte de mes routes depuis le lieu de mon débarquement jusqu’à Quito.

» Tout ce terrain est couvert de bois épais, où il faut se faire jour avec la hache. Je marchais, la boussole et le thermomètre à la main, plus souvent à pied qu’à cheval. Il pleuvait régulièrement tous les jours après midi. Je traînais après moi divers instrumens, et le grand quart de cercle que deux Américains avaient bien de la peine à porter. Je recueillis et dessinai dans ces vastes forêts un grand nombre de plantes et de graines singulières, que je remis ensuite à M. de Jussieu. Je passai huit jours entiers dans ces déserts, abandonné de mes guides. La poudre et mes autres provisions me manquèrent. Les bananes et quelques fruits sauvages faisaient ma ressource. La fièvre me prit : je m’en guéris par une diète qui m’était conseillée par la raison et ordonnée par la nécessité.

» Je sortis enfin de cette solitude, en suivant une crête de montagnes, où le chemin, ouvert trois ans après par don Pédro Maldonado, gouverneur de la province, n’était pas encore tracé. Le sentier où je marchais était bordé de précipices creusés par des torrens de neige fondue qui tombent à grand bruit du haut de cette fameuse montagne connue sous le nom de Cordillière des Andes, que je commençais à monter. Je trouvai à mi-côte, après quatre jours de marche, au milieu des bois, un village amé-