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l’observation de l’éclipse de lune du 26 mai, la longitude entièrement inconnue de cette côte, la plus occidentale de l’Amérique méridionale, et d’examiner le pays où leurs opérations de la mesure de l’équateur devaient les conduire. D’autres motifs se joignirent à ces premières vues : ils voulaient chercher, sur les plages de la côte, un terrain commode à mesurer, et propre à servir de base à leurs déterminations géométriques. « Nous ne devions point négliger, dit La Condamine, l’occasion d’observer les réfractions astronomiques de la zone torride, en profitant de la vue de l’horizon de la mer, que nous allions bientôt perdre de vue dans un pays de montagnes : enfin il était à propos de faire l’expérience du pendule à secondes au niveau de la mer, et sous l’équateur même. L’exécution de tant de projets ne prit qu’un mois. » Tandis que Bouguer s’occupait des réfractions, La Condamine détermina le point de la côte où elle est coupée par l’équateur : c’est une pointe, appelée Palmas, où il grava, sur le rocher le plus saillant, une inscription pour l’utilité des gens de mer. La persécution des maringouins ou mosquites est insupportable dans ce lieu ; et le ciel y est presque toujours couvert de nuages. En débarquant à Manta, on avait averti la compagnie de se tenir en garde contre les serpens, qui sont communs et dangereux. Dès la première nuit, La Condamine en vit un suspendu à l’un des montans de la case de roseaux, sous laquelle il avait son ha-