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la lune décroît, cette eau diminue jusqu’à disparaître entièrement dans la conjonction. L’expérience n’en laissa aucun doute à Ulloa. Il observe aussi qu’en diminuant, l’eau se trouble, et qu’au contraire, dans sa plus grande abondance, elle est aussi claire que le cristal. Les Péruviens ajoutent d’autres particularités. Tous les tuyaux, disent-ils, ne se remplissent pas à la fois ; entre deux pleins, il y en a toujours un qui reste vide. Ce qu’il y a de certain, sur le témoignage du mathématicien, c’est que, si l’on ouvre un tuyau vide, on en trouve de suite deux autres pleins. On attribue à leur eau la vertu de dissiper les apostèmes qui peuvent naître d’une chute. Aussi tous les voyageurs qui descendent des montagnes ne manquent pas d’en boire pour se fortifier contre les coups et les meurtrissures, qu’on ne peut guère éviter dans cette route. On laisse sécher les roseaux après les avoir coupés : ils sont alors assez forts pour servir de chevrons et de solives. On en fait aussi des planches et des mâts pour les balzes. On en double les soutes des vaisseaux qui chargent du cacao, pour empêcher que la grande chaleur de ce fruit ne consume le bois. Enfin ces cannes servent à mille sortes d’ouvrages.

Cependant Bouguer et La Condamine étaient restés seuls à Manta. Ces deux académiciens se proposaient d’y observer l’équinoxe par une nouvelle méthode de Bouguer, de reconnaître le point où passait l’équateur, de fixer, par