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la plupart diffèrent peu de ceux de Tierra-Firme. On peut y joindre les paons sauvages, les faisans, une espèce particulière de poules, et quelques autres dont l’abondance est si grande, que, s’ils se perchaient moins haut, et s’ils ne se cachaient pas sous les feuillages des arbres, les voyageurs n’auraient besoin que d’un fusil et de munitions pour faire continuellement la meilleure chère. Il s’y trouve aussi beaucoup de serpens, et des singes d’une singulière grandeur, qu’on distingue dans le pays par le nom de marimondas. Ulloa ne craint pas d’assurer que, lorsqu’ils se dressent sur leurs pieds, ils ont plus d’une aune et demie de hauteur. Leur poil est noir. Ils sont extrêmement laids, mais ils s’aprivoisent facilement.

Les roseaux ne sont nulle part aussi beaux que dans la route de Guayaquil à Quito. Leur longueur ordinaire est entre six et huit toises ; et, quoique leur grosseur varie, les plus épais n’ont qu’environ six pouces. La partie ferme et massive de chaque tuyau a six lignes d’épaisseur. On comprend qu’étant ouvertes, elles forment une planche d’un pied et demi de large ; et l’on ne s’étonnera point qu’elles servent à la construction des édifices du pays. Pour cet usage et quantité d’autres, on ne les coupe que dans leur parfaite grandeur. La plupart des tuyaux sont remplis d’eau, avec cette différence que, pendant la pleine lune, ils sont tout-à-fait pleins, et qu’à mesure que