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agréable pour ceux qui viennent de traverser les montagnes. Cet objet parut très-nouveau à des voyageurs accoutumés depuis près d’un an aux verdures des pays chauds et humides, qui sont fort différentes de celles-ci ; ils trouvèrent à ces belles campagnes un parfaite ressemblance avec celles de l’Europe.

Après s’être reposés jusqu’au 21, dans la maison du corrégidor de Guaranda, ils reprirent leur route vers Quito, et le jour de leur départ, comme les deux jours précédens, le thermomètre marqua 1004 et demi. Le 22, ils commencèrent à traverser la bruyère, ou le désert de Chimboraço, laissant toujours à gauche la montagne de ce nom, et passant par des collines sablonneuses qui, depuis le cap Nége, paraissent continuellement s’élargir. Les terres de ce cap, qui vont, par un long espace, en penchant des deux côtés vers la mer, environnent la montagne, et semblent en former les faces. Vers cinq heures du soir, les mathématiciens arrivèrent dans un lieu nommé Rumimachaï, c’est-à-dire, cave de pierre : ce nom vient d’un fort gros rocher qui forme dans sa concavité une retraite assez commode, où les voyageurs passent la nuit : cette journée avait été fatigante. On ne trouve sur la route ni précipices ni passages dangereux, mais le froid et le vent s’y font vivement sentir. Lorsqu’on a passé le grand Arénal et surmonté les plus grandes difficultés de cet ennuyeux désert, on découvre les restes d’un