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nent le devant, se portent le long du passage, grimpant aux racines d’arbres qu’ils voient découvertes ; ils animent les mules par leurs cris, et ces animaux, que le bruit semble encourager, rendent le service qu’on attend d’eux. » Dans d’autres endroits de la descente, il n’y a point de précipices à craindre ; mais le chemin y est si resserré, si profond, ses côtés si hauts et si perpendiculaires, que le péril n’y est pas moins grand, quoique d’une autre manière. La mule, n’y trouvant point de place pour arranger ses pieds, a beaucoup plus de peine à se soutenir. Si elle tombe néanmoins, ce ne peut être sans fouler le cavalier, et dans un sentier si étroit, qu’on n’a pas la moindre liberté de s’y mouvoir ; il est assez ordinaire de se casser le bras ou la jambe ou de perdre même la vie.

À l’entrée de l’hiver, et au commencement de l’été, ces voyages sont plus incommodes et plus dangereux que dans toute autre saison. La pluie forme alors d’épouvantables torrens qui font disparaître les chemins, ou qui les ruinent jusqu’à rendre le passage absolument impossible, à moins qu’on ne se fasse précéder d’un grand nombre d’Américains pour les réparer, et ces réparations mêmes, faites à la hâte, ou suffisantes pour les naturels du pays, laissent encore de grands sujets d’effroi pour un Européen. En général, le peu de soin qu’on donne à l’entretien des chemins du Pérou en augmente beaucoup l’incommodité natu-