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heurter, tantôt contre les arbres et tantôt contre le roc, ils étaient fort meurtris à leur arrivée.

On nous explique en quoi consiste le danger des ponts. Comme ils sont de bois et fort longs, ils branlent d’une manière effrayante sous le poids de ceux qui les passent ; d’ailleurs ils ont à peine trois pieds de large, sans aucune sorte de parapets ou de garde-fous sur les bords. Une mule qui vient à broncher tombe infailliblement dans la rivière, et ne manque pas d’y périr avec sa charge. Le passage étant guéable en été, on fabrique ces ponts chaque hiver, mais avec si peu de solidité, qu’ils demandent d’être renouvelés tous les ans. Lorsqu’une personne de marque fait cette route, le corrégidor de Guaranda est obligé de faire construire par les Américains les maisons de bois qui servent au repos de chaque journée. Elles demeurent sur pied pour servir aux autres voyageurs jusqu’à ce qu’elles tombent faute de réparation ; alors un voyageur ordinaire est réduit, pour tout logement, aux cabanes que ses voituriers ou ses guides lui bâtissent à la hâte.

Le 17, à six heures du matin, le thermomètre marquait 1014 et demi ; et ce degré parut un peu frais aux mathématiciens, qui étaient accoutumés à des climats plus chauds ; mais la même heure fait éprouver à Tarrigagua deux températures fort opposées. S’il y a deux voyageurs, dont l’un vient des montagnes et l’autre de Guayaquil, le premier