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encore la perfection du niveau pour amener les eaux de loin, pour ouvrir des canaux, pour donner passage aux mers, pour faire changer de cours aux rivières, sans compter mille autres connaissances qui peuvent résulter de la véritable détermination de la figure de la terre, par l’enchaînement que toutes les sciences ont entre elles.

Tel était l’état d’une difficulté qui occupait depuis quarante ans, l’académie des sciences lorsque Louis xv fit communiquer à cette académie, par le comte de Maurepas, ministre et secrétaire d’état de la marine, la résolution où il était de ne rien épargner pour faire décider cette fameuse question. On ne trouva point de voie plus sûre que d’envoyer, aux frais de sa majesté, deux compagnies d’académiciens, l’une au nord, pour mesurer un degré du méridien près du pôle ; l’autre en Amérique, pour en mesurer un autre près de l’équateur. C’était en effet le seul moyen de lever tous les doutes sur la figure de la terre ; car, si elle était aplatie, les degrés devaient aller en augmentant depuis l’équateur jusqu’au pôle, au contraire, si elle était allongée, et si, dans la comparaison des degrés les plus proches, la différence était si petite, qu’elle pût être confondue avec les erreurs presque inévitables dans les observations, on était sûr qu’en comparant les degrés les plus éloignés, elle ne pourrait échapper aux observateurs. Enfin, si la terre était parfaitement sphérique, les degrés, à quelque distance