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geaient, la différence de quelques degrés par rapport aux autres était si peu considérable, et par conséquent si peu sensible, qu’il était aisé de la confondre avec l’erreur à laquelle toute observation est sujette. D’ailleurs, quelque exactitude que Cassini père eût apportée à la sienne, il ne laissait pas d’y avoir un excédant de 37 toises entre sa mesure vers Collioure et celle de Picard, et une de 137 entre sa mesure vers Dunkerque et celle de son fils.

Dans cette dispute, la figure de la terre demeurait indécise pour les personnes neutres ; et tout le monde néanmoins sentait la nécessité d’une décision. Les navigateurs y étaient les plus intéressés, puisque les distances des lieux différant dans les deux systèmes, cette incertitude les exposait à diverses sortes d’erreurs. Les géographes tombaient dans un extrême embarras pour leurs cartes : s’ils choisissaient mal entre deux opinions contestées, l’erreur ne pouvait être de moins de deux degrés dans une distance de cent degrés. Les astronomes avaient besoin aussi d’une décision fixe ; de là dépendait pour eux la connaissance de la véritable parallaxe de la lune, qui sert à mesurer ses distances, à déterminer sa position et ses mouvemens ; et c’est là-dessus qu’ils fondent l’espérance de trouver un jour la longitude sur mer. La question n’était pas moins importante pour les physiciens, puisqu’ils regardent la gravité des corps comme l’agent universel qui sert au gouvernement de toute la nature. Enfin de là dépend