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des. Le gouvernement y prodigua toute la dépense et toute la protection imaginables pendant l’espace de trente-six ans ; et le résultat de six opérations, faites en 1701, 1713, 1718, 1734, et 1735, fut toujours que la terre était allongée vers les pôles. Ainsi, deux choses résultaient de ces opérations : l’une que la terre n’était pas entièrement sphérique ; en quoi les Français, convenaient avec Huyghens et Newton : l’autre, qu’elle était un sphéroïde long ou étendu vers les deux pôles ; ce qui ne s’accordait pas avec l’opinion de ces deux mathématiciens, qui la croyaient un sphéroïde large ou aplati vers les pôles.

Cependant les mesures des Cassini semblaient valoir une démonstration. Ils avaient trouvé les degrés septentrionaux de la France moindres que les méridionaux ; d’où ils concluaient avec raison que la terre, étant plus courbe vers les parties septentrionales que vers les parties méridionales, devait avoir la figure d’un sphéroïde allongé : la plupart des savans ne doutaient point de la justesse de ces mesures. On prit parti en Espagne pour l’opinion des Cassini ; et comme ils ne parlaient point du phénomène des pendules, deux de nos plus savans académiciens entreprirent de l’ajuster avec la figure allongée de la terre. Les partisans de l’opinion opposée ne niaient pas que la mesure du méridien de France n’eût été faite avec beaucoup de précision ; mais ils prétendaient que, dans les deux arcs qui la parta-