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celle de la terre. Cette force, par l’analogie d’un corps à l’autre, devait presque aplatir le globe de jupiter vers ses pôles. En effet, avec d’excellens micromètres, qui servirent à mesurer ses diamètres, on trouva que l’axe de révolution de cette planète était plus court que son diamètre.

Tous ces raisonnemens, fondés sur la seule différence de pesanteur dans le pendule, parurent ingénieux aux mathématiciens français ; mais ils voulaient des expériences et des faits décisifs. Ils reconnaissaient que la mesure de Picard ne pouvait être une règle fixe pour tous les degrés ; car, devant être inégaux, si la terre n’était pas sphérique, cette mesure, quoique exacte, pour la partie qui avait été mesurée, ne pouvait être appliquée à ceux dont on ne connaissait pas la mesure. C’est ce qui fit naître la proposition de mesurer la ligne méridienne qui traverse la France ; et ce projet fut entrepris, en 1683, par l’ordre exprès de Louis-le-Grand, sous la protection d’un ministre que toute l’Europe honore du même surnom. Cassini fut chargé de l’exécution. On choisit pour premier point de cette mesure l’Observatoire de Paris. Malgré quantité d’obstacles, elle fut continuée depuis Dunkerque jusqu’à Collioure ; et le méridien de toute la France fut divisé en deux arcs, l’un de Dunkerque à Paris, et l’autre de Paris à Collioure. Tout l’ouvrage fut terminé en 1718. Les mêmes mesures, observe Maupertuis, furent répétées par les Cassini en différens temps, et par différentes métho-