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vent ; et comme ces deux forces sont toujours plus contraires l’une à l’autre à mesure que les corps sont plus proches de l’équateur, il arrive qu’avec une égale quantité de matières, les pendules, comme tous les autres corps, ont plus de pesanteur à Paris qu’à l’île de Cayenne.

On a poussé le raisonnement jusqu’à calculer la quantité de force centrifuge que chaque degré terrestre doit avoir, suivant le plus ou le moins de latitude, et la diminution que la même force doit causer dans la gravité des corps à chacun de ces degrés. Huyghens et Newton allèrent jusqu’à marquer, quoique avec quelque différence, le rapport entre l’axe de la terre et le diamètre de l’équateur. Huyghens le concluait de la seule force centrifuge comparée à la gravité. Newton y joignait sa théorie sur la gravitation universelle. Ils étaient persuadés que d’exactes expériences sur la pesanteur pouvaient vérifier seules non-seulement la figure de la terre, mais encore la grandeur de chaque degré dans toutes les latitudes.

Un nouveau phénomène, découvert dans le même temps, leur parut confirmer cette théorie. On reconnut dans le disque de jupiter certaines taches à l’aide desquelles les astronomes observèrent qu’il faisait en six heures une révolution sur son axe. Comme elle était plus rapide que celle qu’on attribuait à la terre, elle devait imprimer à toutes les parties de cette planète une force centrifuge correspondante à sa vélocité, et par conséquent plus grande que