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l’expérience, se découvre visiblement dans une fronde : à mesure qu’on la tourne, la pierre qu’elle porte fait d’autant plus d’effort pour sortir et s’éloigner du centre autour duquel on la fait tourner, que la vitesse du mouvement est plus grande ; et, dès qu’on la lâche, elle continue de se mouvoir, sans être poussée par une nouvelle force. Les lois naturelles du mouvement confirment cette force centrifuge : c’est le nom qu’on lui a donné, parce qu’elle tend à éloigner un corps du centre de son mouvement. De là les mêmes philosophes ont conclu que la terre est aplatie, et leur raisonnement peut être réduit en peu de mots. La terre se meut, et tourne chaque jour sur son axe. Par ce mouvement, chaque particule de son globe fait effort pour s’éloigner de l’axe, et cet effort est proportionné à la vitesse ou à la grandeur du cercle que chacun décrit. Or ce cercle et la vitesse étant plus grands vers l’équateur que vers les pôles, il faut que l’effort soit plus grand près de l’équateur pour s’éloigner de l’axe. D’un autre côté, tout corps, par sa gravité primitive, qui se nomme force centripète, tend vers le centre de la terre, ou, pour mieux dire, perpendiculairement à l’horizon. On trouve donc deux forces dans un même corps : l’une qui le pousse et l’entraîne vers le centre de la terre ; l’autre qui naît du mouvement de la terre, et qui imprime à tous les corps l’effort qu’ils font pour s’éloigner de l’axe, ou du centre autour duquel ils se meu-