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sans motifs qui firent souhaiter à Louis xiv que l’académie royale des sciences rendît ce service à l’univers. Picard, membre de cette compagnie, fut chargé de mesurer les degrés terrestres. Il mesura géométriquement les distances entre Paris, Malvoisin, Sourdon et Amiens ; et ayant déterminé par des observations astronomiques la distance d’une même étoile au zénith des deux points extrêmes, il trouva dans le degré terrestre, 57,060 toises parisiennes. Il fut le premier qui appliqua les lunettes aux instrumens dont il se servit pour ces opérations.

On avait cru jusqu’alors que le globe terrestre était parfaitement sphérique, sans autre exception que les inégalités des montagnes, qui ne sont d’aucune considération dans une si grande étendue. Personne n’avait douté que la terre ne fût une boule parfaitement arrondie ; et comme on supposait que la mesure trouvée par Picard convenait à chaque degré, on ne doutait pas que les 360 degrés par lesquels on divise la circonférence de la sphère ne fussent égaux entre eux, et qu’ils n’eussent tous la longueur qu’il avait déterminée de 57,060 toises. Mais on ne fut pas long-temps à reconnaître que cette supposition était gratuite.

Deux raisons fort différentes, et dont on tira des conséquences opposées, firent également révoquer en doute la sphéricité de la terre : l’une, c’est la diversité reconnue dans la longueur d’une pendule à secondes, à différentes latitudes ; l’autre, la mesure de tous les degrés du méri-