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établie, il paraît certain que, depuis Aristote jusqu’au dernier siècle, elle n’a pas souffert le moindre doute.

On avait été beaucoup plus long-temps sans aucune notion de l’étendue de la terre dans sa circonférence et dans son diamètre. Cette difficulté avait paru d’abord insurmontable ; comment traverser tant de mers, de montagnes et de précipices impénétrables ? Mais, quoique ces obstacles fissent juger l’opération impossible dans sa totalité, ils n’avaient point empêché qu’elle n’eût été tentée. En supposant la terre sphérique, on peut entreprendre de la mesurer par les observations des astres situés au zénith d’un lieu, et éloignés du zénith d’un autre. Ératosthène prit cette voie, et la forme de son opération paraît fort extraordinaire. Il savait que Syène, ville d’Égypte, vers les confins de l’Éthiopie, était parfaitement sous le tropique, et que, par conséquent, au temps du solstice d’été, le soleil passait par son zénith. Pour s’en assurer mieux, on y avait creusé perpendiculairement un puits fort profond, où, le jour du solstice, à midi, les rayons solaires pénétraient dans toute son étendue. On savait d’ailleurs qu’à 150 stades autour de Syène, les styles élevés à plomb sur une surface horizontale ne faisaient point d’ombre. Ératosthène supposait qu’Alexandrie et Syène étaient sous le même méridien, et que la distance entre ces deux villes était de 500 stades. Le jour du solstice, il observa, dans Alexandrie, la distance